Blood Diamond

Publié le par Fei

diamond.jpgHier , je suis allé voir Blood Diamond, un film d'Eward Zwick avec Leonardo Di Caprio, Djimon Hounsou et Jennifer Connelly. Zwick c'est pas le génie du siècle, mais il a quand même réalisé Glory (bon film narrant l'histoire d'un bataillon de noirs dans la guerre de Sécession) et le Dernier Samourai (qui malgré ses défauts était pas mal non plus). Surtout, Zwick sait s'entourer d'acteurs et tirer parti d'eux : Oscar et Golden Globe pour Denzel Washington dans Glory, nomination aux deux pour Ken Watanabe dans le Dernier Samourai (il était immense). Zwick aime raconter le combat des hommes pour leur dignité, la défense de leur culture, leur reconnaissance en tant qu'être humains. Glory traitait donc de noirs luttant pour leur liberté (ou du moins le croyaient-ils), le Dernier Samourai du combat des derniers représentants d'un Japon féodal pour leur survie et celle de leurs traditions, Blood Diamond parle des ravages causés sur les populations africaines par les nombreux trafics qui rongent le pays.

Mais Blood Diamond joue un cran au-dessus des autres. Le film est fort, poignant, usant, éprouvant, un vrai direct à l'estomac qui vous cloue au siège et vous
DiCaprio.jpgassène son propos pendant 2h20. Ca commence très vite avec l'attaque par une milice rebelle d'un petit village de pêcheurs, durant laquelle Solomon (Djimon Hounsou) va être séparé de sa famille. L'attaque est rapide, sèche et très violente, et plonge tout de suite le spectateur dans le bain. Solomon se retrouvera travailleur forcé dans une mine, à extraire des diamants, comme par exemple ce rose énorme qu'il tentera de voler. Ces "blood diamonds", surnommés ainsi car obtenus grâce à la violence et à la guerre, que trafique Danny Archer (Leo di Carpaccio) le plus souvent pour de très respectables joailliers européens. Danny connaît bien le jeu de la corruption et du trafic, même si il se fait parfois serrer. C'est donc en prison qu'il croisera Solomon, peu avant d'être libéré et de croiser Maggie (Jennifer Connelly), journaliste qui croit encore pouvoir faire quelque chose pour le pays, mais qui pour ça a besoin du témoignage de quelqu'un comme Danny. La vie de ces trois personnages va alors se resserrer autour de ce diamant rose : Solomon veut sa famille, Danny peut l'aider contre le diamant, mais il a pour ça besoin de Maggie qui lui demande de lui fournir des preuves impliquant les différentes parties du trafic.

On pourrait croire à un simple film d'aventure, et on aurait tort. Je pensais voir un film d'action/aventure avec un petit couplet larmoyant obligé "pauvre Afrique", et j'ai été totalement pris au dépourvu par la force du film. Le films tire à boulets rouges sur le comportement irresponsable des blancs qui destabilisent l'Afrique pour leur profit, sur l'absurdité des rebellions à répétition de certains pays qui n'ont pour autre effet de remplacer un gouvernement corrompu par un autre encore pire, etc. On est loin d'une Afrique de carte postale ou d'un film de la veine d'A la poursuite du diamant vert. Enfants soldats, exploitation, guerres civiles devenues businesse privés, trafics d'armes et de diamants, mutilations, mercenaires, Zwick ne nous épargne pas grand-chose mais
le message est clair : l'Afrique est dans le chaos (au moins certaines régions) et il serait temps d'essayer de réparer un peu les dégâts qu'on a causés. Pour autant, il n'est pas caricatural avec des méchants blancs et des pauvres noirs : il y a d'immenses ordures des deux côtés mais aussi des gens de biens, tout juste peut-on trouver parfois des explications aux horreurs commises. Zwick arrive à créer une psychologie crédible au personnage d'Archer (bien qu'on aurait aimé un poil plus de développement), personnage perdu, mort à l'intérieur depuis longtemps et qui retrouvera peut-être un peu de coeur ou de rédemption avant la fin. Evidemment, ça reste une grosse machine, il ne faut donc pas s'attendre à une fine enquête sur la trafic de diamants ou un documentaire pointu sur l'Afrique, mais le but n'était pas celui-là. Plutôt d'inciter le spectateur à se pencher et à s'intéresser à l'Afrique, à interpeller sur la situation dramatique et largement méconnue (moi le premier) qui règne là-bas.

Niveau réalisation j'avoue que là aussi je ne m'attendais pas à ça. Les trois scènes d'attaque sont scotchantes, on ressent la totale confusion qui rège,sans pour autant être perdus. C'est à dire que Zwick arive à nous faire passer l'angoisse et le chaos règnant sans pour autant qu'on ne comprenne plus rien à la scène, on se croit par exemple vraiment dans une guerilla urbaine. De la bonne caméra épaule, bien utilisée et pas juste pour le style. Les scène sont sanglantes mais il n'y a pas de gros plan sur des gerbes de sang ou de ralenti sur un homme frappé par une rafale. Le tout sonne très juste, ceux qu se prennent une balle dans le bide saignent peu, ceux qui prennent une rafale en plein torse beaucoup plus, et c'est toujours dans la composition de l'image, sans être l'objet principal. Le film est bien rythmé, Zwick utilisant ses 2h20 intelligemment pour laisser son spectateur souffler un peu par moments, bien que tout puisse s'emballer à n'importe quel moment dans ce pays ravagé et instable où la sécurité est une notion très différente de la nôtre.

Enfin, impossible de ne pas souligner l'excellent travail des acteurs. Connelly est parfaite en journaliste charmeuse mais pas naïve ou idéaliste pour un sou, bien qu'elle garde le feu sacré. Di Caprio joue son rôle de salopard sans âme qui sait qu'il est déjà mort en dedans de façon très convaincante. La scène où les deux se retrouvent à boire de l'alcool de palme est notamment très juste, très pudique mais parfaitement interprétée. Mais celui qui livre la meilleure prestation, c'est assurément Djimon Hounsou, absolument bluffant. Il est impresionnant dans toutes ses scènes, qu'il joue la rage extrème, la confusion totale, la peur ou la détresse. Une prestation rare de qualité.

En bref, une grosse surprise que ce film. Je m'attendais, vu le casting, à un film plutôt action/aventure, mais pas à une telle baffe et un tel constat sur l'Afrique, une telle charge, un tel réquisitoire. Le film nous a envoyés au tapis mon pote et moi, on ne savait pas vraiment quoi dire en sortant, tellement le film nous a pris aux tripes. Un film avec un budget pareil qui soit aussi puissant et parlant de sujets graves, c'est pas souvent, et ça vaut vraiment le coup.

Publié dans Movies

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