25 ans

Publié le par Fei

Voila, hier j'ai bouclé mon premier quart de siècle, et aujourd'hui j'entame le suivant. J'ai bâti les fondations de celui que je suis maintenant, et elles ne bougeront sans doute pas. Le prochain quart sera consacré à les prolonger, à rajouter des choses, à réhabiliter ce qui ne sert plus, à modifier ce qui mériterait quelques évolutions. Mes études sont derrière moi, ma carrière devant. Les copains resteront, et de nouvelles personnes arriveront dans ma vie alors que certains en sortiront vraisemblablement. Et puis le vrai défi des années à venir, après mon développement personnel qui a occupé ce premier temps de ma vie, ce sera l'aventure familiale. Certains flippent à cette simple pensée, moi c 'est l'inverse. Je ne suis pas pressé, mais j'espère bien avoir des gamins, et ce sera dans le prochain quart de siècle que ça se passera. Enfin bon, pour le moment j'en suis pas là, et je sais même pas où je bosserai le mois prochain, alors on va pas aller plus vite que la musique.

Aujourd'hui, j'ai 25 ans dans un pays où on cherche à rogner sur le progrès social, sous prétexte que ce qu'il restera ce sera déjà ça, qu'on devrait en profiter tant qu'on peut encore, et qu'on devrait dire merci au lieu de râler. Dans un paradoxe étonnant, on s'apprête à institutionnaliser un peu plus la précarité sous prétexte de lutter contre elle.
Pourtant aujourd'hui j'ai 25 ans dans un pays où le peuple se fait entendre pour manifester son désaccord avec ce qu'on veut lui fourguer. La jeunesse sort dans les rues, soutenue par les moins jeunes et une majorité de français (68% au dernier sondage). En fait plus qu'un contrat de travail, c'est un modèle social et sociétal qui est en train d'être rejeté par le peuple qui en a marre que sa classe dominante le considère comme un troupeau de bêtes tout juste bonnes à être traites jusqu'à la moindre goutte avant de passer à l'abattoir. Le libéralisme a échoué, et tente d'en rejeter la faute sur tout ce qui passe. Le libéralisme, en enrichissant les entreprises, devait assurer le bien-ête de tous en créant des emplois, en permettant aux entreprises d'investir, etc... Bon, on le voit tous les jours, le libéralisme a pour unique "vertu" de rendre les riches très riches et les pauvres très pauvres, en freinant totalement l'investissement et en réduisant les salariés à l'état de consommable traité avec le même égard que la photocopieuse (et encore, la photocopieuse on la répare, le salarié on le remplace). C'est aussi à ça que les gens disent non, mine de rien.

Aujourd'hui, j'ai 25 ans dans un pays où j'ai pu faire des études pointues pour vraiment pas cher, mais dans un monde où l'éducation n'est pas une priorité pour bien des pays. J'ai (encore pour quelques jours) un travail qui me permet de vivre correctement, pendant que d'autres désossent des bateaux au Bengladesh pour 1.5 euros (réellement) par jour. Et pas vraiment aux 35 heures. J'ai un accès immédiat à l'eau potable que je peux gaspiller à loisir pendant que d'autres meurent de ne pas en avoir et que l'eau devient un enjeu géopolitique majeur (regardes vers le Golan, par exemple). Je peux sereinement tomber malade, je serai couvert, et ça ne me coutera pas grand chose, alors que d'autres crèvent de maladies qui n'existent même plus sur notre continent.
Pourtant aujourd'hui j'ai 25 ans dans un monde où l'initiative personnelle peut dépasser celle des états, pour venir en aide à des sinistrés à l'autre bout du monde. Un monde où des ONG internationales interviennent là où les états refusent de regarder, parce qu'elles ont des valeurs un poil plus humanistes.

Aujourd'hui, j'ai 25 ans dans un monde où la seule superpuissance (plus pour longtemps) est embourbée dans une non-guerre depuis bientôt 3 ans, décidée unilatéralement dans l'illégalité la plus totale, sous un prétexte fallacieux appuyé par des mensonges éhontés. Un monde où les casques bleus n'ont pu que se retirer d'une zone des balkans, laissant sa population à la merci de ses bourreaux. Un monde où le pays a la plus forte croissance continue d'envoyer une facture aux familles dont un membre a été éxécuté officiellement, pour se faire rembourser les balles. Un monde où le rêve européen, pourtant nécessaire, est sacrifié pour de mauvaises raisons de pétoche nationaliste pas trop assumée. Un monde où le repli communautaire et la résurgence des nationalismes n'est pas vraiment signe de progrès.
Pourtant aujourd'hui j'ai 25 ans dans un monde où les gens circulent de plus en plus. Les étudiants s'échangent, les travailleurs s'exportent, les cultures se propagent. Les moyens de communication, loin de pousser les gens à rester chez eux, favorisent l'ouverture sur le monde, permettent le brassage et l'émergence de nouveaux types culturels hybrides, à tous les niveaux et dans tous les genres. Un monde où on peut parler en anglais d'un manga japonais, avec un polonais, un allemand et un russe qu'on n'a jamais vus. Un monde où la France finance des réalisateurs étrangers comme Kitano ou Woody Allen, pendant que ses artistes de l'animation ou de la musique électronique partent utiliser leur savoir-faire à l'étranger. Un monde où l'échange, à l'échelle individuelle, se fait de plus en plus.

Aujourd'hui, j'ai 25 ans dans un monde en crise polymorphe, différente selon les régions, un monde loin d'être parfait et qui semble aller dans la mauvaise direction, un monde qui fait peur quand on n'en voit que les erreurs et les horreurs.
Pourtant aujourd'hui j'ai 25 ans dans un monde auquel je crois, parce que même si c'est pas tous les jours évident je suis un optimiste, et qu'on s'est toujours relevé après avoir été mis à terre par les crisses passées. Et que même si le progrès est lent et un peu en panne en ce moment, l'Histoire nous montre qu'il va dans le bon sens et qu'il y a toujours quelques leçons qui sont tirées des erreurs, même si certaines devront être répétées pour que ça rentre.
Aujourd'hui j'ai 25 ans, et comme dirait le maire de Champignac, je regarde l'avenir d'un pied ferme, l'oreille aux aguets des images de l'évolution du monde, attendant avec un intérêt teinté d'une légère anxiété de voir ces nouveaux terrains où la main de l'homme n'a encore jamais mis le pied. C'est un peu confus, je sais, mais le monde aussi, alors ca me paraissait tout à fait approprié. ^^

Publié dans Rien à bloger

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H
Rhaaaa j'ai raté l'anniv' :p<br /> Bah bounnaniv de quart de siècle ! Et joli texte :)
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A
Euh, oui, c'est moi qui est backtracké, par erreur... matin difficile... :(<br /> Pas taper!
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A
:( trackback? euh :S oui... matin difficile... excuse moi... pas taper
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C
Joyeux anniversaire (en retard) ! :-)
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F
Double merci Chelmi ^^
C
Joyeux anniversaire (en retard) ! :-)
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