Le FN et ses militants
Hier, j'ai regardé Envoyé Spécial, ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. Après un reportage pas mal mais un peu court et pas franchement original sur la lutte de l'OCTRIS contre le narco-trafic, on a eu droit à un reportage plus intéressant mais qui ne faisait que soulever des questions sans vraiment y répondre. Le principe était de retourner dans l'Ain, où le FN a pété le score en 2002, pour voir comment les choses ont évolué. L'Ain est un département où il ne se passe rien, en gros. Il n'y a pas vraiment d'insécurité, moins de chômage qu'ailleurs, et pourtant à écouter certains le département serait super chaud ! Les journalistes suivaient notamment un militant FN qui distribuait des tracts avec sa femme, avant de les interviewer. Ces gens parlaient des fameuses "zones de non-droit où ni la police, ni les pompiers ni même les médecins ne peuvent entrer". Quand on leur demande si ça existe dans le département, ils sont un peu embarrassés (l'un dit que ça existe à demi-mot pendant que l'autre dit que non, pas vraiment) et finissent par lâcher des noms, comme Nantua. Et puis de toute façon, disent-ils, ils font ça en prévention aussi, pour éviter que ça arrive chez eux. Ils ont du croire qu'on était en guerre civile pendant les émeutes de Novembre 2005 et que toute l'Ile de France restait terrée chez elle de peur de se faire brûler vive. Certains, souvent éloignés de la capitale, fantasment littérallement ce qu'ils croient être une réalité, concernant l'état des banlieues notamment. Pour eux, banlieue = Sarajevo pendant la guerre ou les pires favelas de Rio avec des jeunes violents et sanguinaires armés jusqu'aux dents, qui occupent leur temps entre viol en tournante, trafic de drogue, vol de voiture et aggression de bons français qu'ils haïssent forcément.
Mais revenons à notre reportage. Les journalistes ont voulu voir la "zone de non-droit" de Nantua, et s'y sont rendu. Nantua c'est visiblement assez calme, mais il y a environ 30% de gens d'origine étrangère, qui vivent en bonne partie dans une cité (dans son vrai sens de groupe d'immeubles) de facto assez communautaire, ce qui suffit visiblement à en faire une "zone de non-droit". Pourtant ça avait pas l'air bien chaud, surtout comparé à ce qui peut se trouver dans certaines banlieues parisiennes. Mais ça suffit pour que Le Pen tape des 30% de vote. Et on entendais des jeunes français de souche témoigner, c'était à pleurer. Une nana : "depuis quand des français y vont à la Mosquée ? C'est n'importe quoi !", ou un autre : "mais 75% des gens d'origine portugaise de toute façon y veulent pas travailler, y préfèrent dealer". Y se retrouvaient entre eux à écouter une sorte de rock nationaliste (pas compris les paroles mais ça chantait faux), en déblatérant leurs poncifs racistes et débiles, comme une leçon apprise par coeur. A la question "mais vous ne fréquentez pas de jeunes d'origine étrangère ?" ils répondent "c'est à eux de s'intégrer à nous, pas à nous de s'intégrer à eux", sans se rendre compte de l'énorme paradoxe qu'il y a entre ces grandes pensées philosophiques et leur comportement. La préférence nationale, je comprends aisément qu'on y adhère parce que c'est séduisant et plein de promesses quand on a des problèmes, et ça fournit des boucs émissaires. Mais y faut reconnaître que l'électorat FN c'est pas forcément non plus les plus fins représentants de l'espèce... D'ailleurs, notre militant du paragraphe d'avant s'est fait refuser son tract par une seule personne, un boucher, au motif que "c'est un parti raciste", à quoi le militant a répondu "et alors ?". Voilà, tout est là, le gars ne comprend pas en quoi être raciste peut être un défaut. Y a encore pas si longtemps de l'autre côté de l'Atlantique on entendait bien des conneries approchant de "Je brûle des noirs le samedi pour rigoler, je vois pas ce qu'y a de mal, de toute façon ils ont pas d'âme, si ?".
Le FN continue a être un parti important, et il serait temps que les autres partis se posent des questions non pas sur comment neutraliser son dirigeant mais bien sur comment faire en sorte que ses électeurs sortent de leur logique simpliste d'une "France aux français". Et pas à la façon Sarkozy, qui à mon avis se fout bien des gens, surtout ceux de la "France d'en bas", mais pas de leur voix. Au lieu de ranger les votants FN dans le placard "salauds de racistes irrécupérables, lie de l'humanité", il faudrait entendre ce qu'ils ont à dire, et quand même faire un bon tri pour réussir à comprendre pourquoi ils cèdent aux chants du borgne de St Cloud. Parce que j'ai du mal à croire que la France compte 20% de gens incapables de vivre avec des gens d'origine étrangère à côté d'eux. Les laisser de côté en les diabolisant ne fait que renforcer le FN et faire le jeu de Le Pen, passé maître dans l'art de se plaindre d'une diabolisation dont il se réjouit car elle est la base de tout son arsenal politique.
Mais revenons à notre reportage. Les journalistes ont voulu voir la "zone de non-droit" de Nantua, et s'y sont rendu. Nantua c'est visiblement assez calme, mais il y a environ 30% de gens d'origine étrangère, qui vivent en bonne partie dans une cité (dans son vrai sens de groupe d'immeubles) de facto assez communautaire, ce qui suffit visiblement à en faire une "zone de non-droit". Pourtant ça avait pas l'air bien chaud, surtout comparé à ce qui peut se trouver dans certaines banlieues parisiennes. Mais ça suffit pour que Le Pen tape des 30% de vote. Et on entendais des jeunes français de souche témoigner, c'était à pleurer. Une nana : "depuis quand des français y vont à la Mosquée ? C'est n'importe quoi !", ou un autre : "mais 75% des gens d'origine portugaise de toute façon y veulent pas travailler, y préfèrent dealer". Y se retrouvaient entre eux à écouter une sorte de rock nationaliste (pas compris les paroles mais ça chantait faux), en déblatérant leurs poncifs racistes et débiles, comme une leçon apprise par coeur. A la question "mais vous ne fréquentez pas de jeunes d'origine étrangère ?" ils répondent "c'est à eux de s'intégrer à nous, pas à nous de s'intégrer à eux", sans se rendre compte de l'énorme paradoxe qu'il y a entre ces grandes pensées philosophiques et leur comportement. La préférence nationale, je comprends aisément qu'on y adhère parce que c'est séduisant et plein de promesses quand on a des problèmes, et ça fournit des boucs émissaires. Mais y faut reconnaître que l'électorat FN c'est pas forcément non plus les plus fins représentants de l'espèce... D'ailleurs, notre militant du paragraphe d'avant s'est fait refuser son tract par une seule personne, un boucher, au motif que "c'est un parti raciste", à quoi le militant a répondu "et alors ?". Voilà, tout est là, le gars ne comprend pas en quoi être raciste peut être un défaut. Y a encore pas si longtemps de l'autre côté de l'Atlantique on entendait bien des conneries approchant de "Je brûle des noirs le samedi pour rigoler, je vois pas ce qu'y a de mal, de toute façon ils ont pas d'âme, si ?".
Le FN continue a être un parti important, et il serait temps que les autres partis se posent des questions non pas sur comment neutraliser son dirigeant mais bien sur comment faire en sorte que ses électeurs sortent de leur logique simpliste d'une "France aux français". Et pas à la façon Sarkozy, qui à mon avis se fout bien des gens, surtout ceux de la "France d'en bas", mais pas de leur voix. Au lieu de ranger les votants FN dans le placard "salauds de racistes irrécupérables, lie de l'humanité", il faudrait entendre ce qu'ils ont à dire, et quand même faire un bon tri pour réussir à comprendre pourquoi ils cèdent aux chants du borgne de St Cloud. Parce que j'ai du mal à croire que la France compte 20% de gens incapables de vivre avec des gens d'origine étrangère à côté d'eux. Les laisser de côté en les diabolisant ne fait que renforcer le FN et faire le jeu de Le Pen, passé maître dans l'art de se plaindre d'une diabolisation dont il se réjouit car elle est la base de tout son arsenal politique.